Débrider un vélo électrique : ce qu'il faut savoir
, par ISAURE DUCROS, 6 min de lecture
, par ISAURE DUCROS, 6 min de lecture
Débrider un vélo électrique est le fait d’enlever la bride de l’assistance au pédalage fixée à 25 km/h et donc d'avoir plus de puissance et de vitesse. Bien que tentante, cette pratique n'est pour autant pas conseillée. On vous explique.
Un vélo électrique est un vélo équipé d'une batterie, d'un moteur, d'un contrôleur, d'un capteur et d'un écran. (Retrouvez toutes nos explications sur le fonctionnement des vélos électriques ici.)
La norme NF EN 15194 encadre la conception des vélos électriques et l’application d’un contrôle de sécurité sur ces derniers. Elle définit également les principaux critères qui permettent de faire une distinction claire entre un vélo à assistance électrique et un cyclomoteur.
Il existe 3 critères essentiels pour identifier un vélo à assistance électrique (VAE):
Les cyclomoteurs (comme les speed bikes, scooters 50 cm³, solex et autres mobylettes) sont des véhicules capables de se déplacer jusqu’à 45 km/h et sont soumis au Code de la route.
Un speed bike est un vélo électrique dont la vitesse maximale est de 45 km/h. En France, ce type de vélo électrique est assimilé à un cyclo moteur et son utilisation est soumise à certaines conditions.
A la différence d’un VAE, un speed bike nécessite d’avoir :
Il est interdit sur les pistes cyclables.
Le débridage d'un VAE est le fait d’enlever la bride de l’assistance au pédalage fixée à 25 km/h et donc d'avoir plus de puissance et de vitesse.
Cela peut se faire manuellement, avec un kit de débridage illicite qui permet de désactiver le système de bridage à 25 km/h ou via un contrôleur adapté.
La question du débridage des vélos électriques nous est fréquemment posée mais est ce légal et sans risque de débrider un vélo à assistance électrique ?
La réponse est non.
Débrider un VAE revient à le transformer en cyclomoteur non homologué ou en speed bike et cela n’est pas sans conséquences légalement.
Outre le fait que les conditions d’utilisation d’un cyclo moteur ne sont pas les mêmes et qu’il doit être immatriculé et avoir une assurance spécifique, la loi vient encadrer strictement les peines encourues.
L’article L317-1 du code de la route, prévoit les sanctions pour le conducteur d’un vélo débridé :
Le fait de modifier le dispositif de limitation de vitesse afin de permettre au vélo électrique de dépasser sa vitesse maximale autorisée, est puni d'un an d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
Toute personne coupable de ce délit encourt également la peine complémentaire de suspension, pour une durée de trois ans au plus, du permis de conduire, cette suspension pouvant être limitée à la conduite en dehors de l'activité professionnelle.
Le véhicule, l'engin ou le cycle sur lequel l'infraction a été commise est immobilisé et retiré de la circulation jusqu'à ce qu'il ait été mis en conformité ou réparé. Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'application du présent alinéa.
Les VAE (vélos à assistance électriques) sont conçus pour être sûrs à une puissance et une vitesse limitée. En augmentant la vitesse, les risques d’accident pour soi ou pour les autres augmentent proportionnellement.
Le débridage peut également entrainer une usure de certains composants comme le moteur ou entrainer une perte d’autonomie de la batterie. Une batterie sur sollicitée peut avoir du mal à produire assez d'énergie et cela n'est pas sans risque.
En cas d’accident causé par un vélo électrique débridé, le conducteur, même blessé, n’est plus un simple cycliste aux yeux des assureurs. L’assurance responsabilité civile, à laquelle on souscrit généralement avec son assurance habitation, ne suffit plus pour couvrir les dommages. Requalifié en tant que cyclomoteur, une assurance spécifique doit avoir été signée. Le conducteur ne pourra donc recevoir aucune compensation.
Si le conducteur du véhicule débridé n’est pas responsable de l’accident, là encore le débridage peut avoir des conséquences sur l’indemnisation. L’assureur du fautif pourrait faire valoir le fait que la vitesse était trop importante ou que le vélo était débridé, tout ça dans le but de refuser ou de diminuer le dédommagement.
Plus largement, si le conducteur du vélo débridé est responsable de blessures, il encourt des poursuites pénales avec les circonstances aggravantes liées à la vitesse et au débridage. Il devra personnellement indemniser le(s) victimes(s), sans pouvoir compter sur son assurance.
Tout comme la garantie, un vélo débridé perd son homologation.
Qu'est ce que cela signifie ?
Un vélo non homologué devient illégal et n'est plus habilité à circuler sur les voies publiques. Les vélos débridés ne peuvent plus circuler que sur des chemins privés.
Un vélo débridé rencontre régulièrement des problèmes au niveau de la revente. Si vous voulez remettre en vente votre vélo débridé auprès d’une boutique spécialisée par exemple, il est certain que celle-ci ne pourra pas l’accepter.
Il suffit qu’elle vérifie la carte mère pour voir toutes les modifications effectuées sur le vélo. Les pratiques comme le débridage seront détectées, et la boutique sera contrainte de refuser le vélo.
Le propriétaire du vélo aura donc du mal à revendre son vélo car aucun site ni magasin ne tolèrent la reprise d’un vélo illégal.
Pour résumer : débrider un vélo électrique peut paraitre tentant mais le droit est très clair et strict sur le sujet. Débrider un vélo électrique est illégal et peut engendrer de lourdes peines.
Pour aller plus loin, si dans les faits vous choisissez tout de même de débrider votre vélo et que vous choisissez de l'assurer, de l'équiper d'une plaque d'immatriculation (et d’une carte grise), d'éclairages et d'un avertisseur spécifiques et si vous êtes vous-même équipé d'un casque homologué, vous pourrez l'utiliser sur la voie publique. Le vélo débridé est alors considéré comme un deux-roues à moteur et il faudra vous conformer aux règles du code de la route en vigueur.